Les philosophes, ils veulent une définition unique. Et par philosophe, j’entends aussi les petits philosophons des lycées aux facs. C’est presque une marque de fabrique. En philo, on cherche la définition. Celle qui subsume sous une seule formule l’intégrale des phénomènes décrits par un même mot.
Il faut trouver le point commun à toutes ces choses qui partagent un mot. Ça ne peut pas être un hasard. Il faut une raison profonde. Quelque chose qui permette de dériver tous les sens d’un seul. D’aller de la racine aux branches et d’unifier l’arbre conceptuel dans une belle et grande définition.
Cette recherche désespérée est vouée à l’échec. La définition multi-fonctions, celle qui englobe tout, n’apporte rien. Ou pas grand chose. Elle est souvent floue, ambiguë, et mélange elle-même les sens des mots. Plus le sujet est multiple, plus elle est retorse. Plus son existence même provient d’un tour de force intellectuel qui la vide de tout intérêt.
En cours, Thomas Pradeu nous dicte une définition de la loi. À peu de choses près, elle doit être :
Règle de fonctionnement obligatoire et générale qui s’impose aux entités qu’elle vise.
Comment faire moins clair ? Plus inutile ? Moins accessible ? Bien sûr, le résultat y est. On a une formule unique pour englober aussi bien la loi scientifique, la loi juridique (oui, je sais, redondance), la loi morale, que tout type de de loi qu’on pourra imaginer.
Mais pour quoi faire ? L’un des meilleurs trucs que j’ai appris en philo est de ne pas vouloir tout unifier. Chercher un ordre, une unité, un cohérence là où il n’y en pas semble un trait philosophique.
Même pour la dissert. Parce que les disserts sont tellement plus faciles quand tu acceptes qu’elles s’appuient sur un jeu de mot, une confusion douteuse, une farce. Admettre que des concepts différents, des choses différentes puissent être désignées par un mot unique est salutaire.
Deal with it.