L’Ademe a publié une étude sur la pub dans les boîtes aux lettres en février 2021. Elle s’intéresse aux “imprimés publicitaires sans adresses” (IPSA), c’est-à-dire aux flyers et prospectus. Les courriers publicitaires qui vous sont personnellement adressés sont hors du périmètre. Assez logiquement l’étude aborde l’autocollant Stop pub, qu’on peut apposer pour dire qu’on ne veut pas recevoir de prospectus. Et il y a des surprises.
Près de 2 Français sur 3 estiment que ces pubs contribuent à améliorer leurs choix de consommation et mieux maîtriser leur budget. Elles sont lues pour : chercher des promos (cité par 65% du panel), s’informer et comparer les prix (64%) ou s’informer sur l’offre disponible (53%).
Pour 42% des Français, ces pubs sont une source de gaspillage inutile. Un chiffre qui passe à 92% chez les porteurs d’un Stop pub. Il y a donc 58% des gens trouvent que ces pubs apportent une info utile.
Seul un tiers des répondants préférerait ne rien recevoir comme pub (quitte à manquer des infos). Mais sur ce tiers, seule la moitié dispose d’un Stop pub. Malgré cela, 42% des gens trouvent recevoir trop de pub.
On a donc 2/3 des Français qui préfèrent recevoir de la pub… OK. Mais 44% déclarent jeter ces pubs sans les regarder, au moins une fois par semaine. Ces résultats ne cessent de surprendre…
Pourquoi (ne pas) mettre un Stop pub ?
17% des boîtes aux lettres de particuliers ont un Stop pub (y compris fait à la main). Dans 7 cas sur 10, il est mis de façon proactive par les personnes, et il est y est toute l’année. Une infime minorité de gens appliquent toutefois le Stop pub de façon intermittente : ils sont 2% à l’enlever et le remettre périodiquement.
Pourquoi les gens mettent un Stop pub ? Plusieurs raisons : éviter du gaspillage papier (64% des porteurs de Stop pub) ; désintérêt pour la pub non adressée (58%) ; et volonté de ne pas encombrer sa boîte aux lettres.
Pourquoi les gens ne mettent pas de Stop pub ? Parce que ces pubs les intéressent (60%), parce qu’ils aiment recevoir de la pub (41%) et… parce qu’ils ont peur de passer à côté de courriers officiels et d’infos (21%). [Je suppose qu’il s’agit de recevoir le journal de la ville, ou d’autres publications non adressées mais non publicitaires]
91% des porteurs de Stop pub veulent continuer à en mettre un sur leurs boîtes à l’avenir. Et 14% de ceux qui n’en ont pas veulent ne mettre un à l’avenir. Soit un taux d’apposition potentiel sur 27% des boîtes aux lettres. La 1re raison du retrait du Stop pub est externe : quelqu’un l’a arraché.
Le Stop pub est-il efficace ?
Avoir un Stop pub fait-il disparaître la pub non adressée ? Oui ! Mais dans 38% des cas seulement. Pour 40% des porteurs, la baisse est conséquente, mais pas totale. Pour 9% la baisse est légère et pour 8%, il n’y a pas de baisse du tout.
1 répondant sur 2 dit continuer à recevoir de la pub de façon hebdomadaire, voire quotidienne. Parmi ceux-là, la moitié cite les secteurs de l’immobilier et de l’alimentation-produits d’entretien comme ne respectant pas leur Stop pub. [C’est flagrant pour l’immobilier, où ça relève presque de la maladie professionnelle].
Globalement 4/5 des porteurs de Stop pub sont satisfaits du dispositif, mais seul 1/5 est “très” satisfait. L’Ademe constate une corrélation entre efficacité et satisfaction : c’est plutôt rassurant.
Oui pub : une expérimentation bienvenue
Alors, est-ce que tout ça veut dire qu’au fond, les gens aiment la pub et qu’il n’y a rien à changer ? Pas vraiment. Seul 1 répondant sur 2 trouve que le fonctionnement actuel leur convient “tout à fait”.
Et seulement un tiers des répondants choisit le statu quo comme option préférée face à des alternatives. Un chiffre qui descend à 1/5 quand on regarde les porteurs de Stop pub.
Finalement 73% des Français sont favorables à un renforcement du Stop pub. Et 70% sont ouverts à expérimenter une inversion du système dans leur ville. Il s’agit du dispositif Oui pub : on affiche sur sa boite aux lettres qu’on accepte de recevoir de la pub, sinon la pub n’est pas distribuée.
Chez les porteurs de Stop pub, ces chiffres passent à 95% en faveur du renforcement, et 77% ouverts à expérimenter le Oui pub (45% sont même “très ouverts”). Sans surprise, ce dispositif fait hurler l’industrie papetière, qui agite les risques de pertes d’emplois face aux gaspillages.
Des porteurs de Stop pub très impliqués
Sans que l’Ademe insiste dessus, l’impression qui se dégage est que les porteurs de Stop pub sont très impliqués autour de ce dispositif. Dans la mesure où il faut se procurer un autocollant (ou le faire soi-même), puis le coller proactivement, c’est assez peu surprenant.
90% des porteurs pensent que les pubs reçues malgré le Stop pub sont une nuisance. Et la moitié des porteurs ont déjà conseillé à leur entourage d’apposer un Stop pub. Un phénomène qui traduit à la fois leur implication, et l’impression qu’il a une efficacité.
Cet article est issu d’un thead Twitter à partir d’une lecture du résumé synthétique de l’étude Adèle précitée (p.20–25). L’étude complète fait 126 pages.