Burger végétarien à Burger King

Burger King sort un bur­ger végé­ta­rien avec de la fausse viande. Bravant toutes mes convic­tions zéro déchet, j’ai mis les pieds chez BK pour me faire un avis. Chronique d’un bur­ger qui résume l’air du temps et l’é­vo­lu­tion du bur­ger végétarien.

Le steak végétal

Le Veggie King n’est pas le 1er bur­ger végé­ta­rien d’une grande chaîne. En 2016, McDo nous avait gra­ti­fié d’un bur­ger au steak fro­ma­gé, puis l’an­née d’a­près d’un Grand Veggie au steak de légumes. En 2021, les choses ont chan­gé : on trouve des simi­li-viandes de Marks & Spencer à Monoprix, et les res­tau­rants regorgent de Beyond Meat ou de Nouveaux Fermiers.

Pour son Veggie King, BK a misé sur le Boucher végé­ta­rien, un acteur néer­lan­dais de la fausse viande rache­té par Unilever. Le résul­tat est un pat­ty très fin, typique de la mau­vaise viande de bur­ger chea­pos, mais aus­si très large, et c’est pas désagréable.

J’ai fait un super sli­der “pub VS réa­li­té” qui marche sur mobile, dont je suis super fier. Tu peux être une per­sonne cool et jouer avec un minimum. 

Au niveau com­po : du soja, du blé, des épices et de la graisse végé­tale. Si Burger King annonce une recette “unique” éla­bo­rée avec le Boucher végé­ta­rien, un coup d’œil au site du fabri­cant donne quand même un aper­çu de ce qu’il pour­rait y avoir dedans : 

Ingrédients : pro­téines de SOJA tex­tu­rées 71% (eau, pro­téines de SOJA, ami­don de BLÉ, pro­téines de BLÉ), oignon, huile de tour­ne­sol, blanc d’ŒUF de poules éle­vées en plein air, ami­don, extraits d’é­pices, graisse de palme, arôme natu­rel, sucre cara­mé­li­sé, dex­trose, arôme, épices, sel, épais­sis­sant (algues Eucheuma trans­for­mées), vita­mine B12, fer. Peut conte­nir lait, noix. 

com­po­si­tion du steak “bur­ger” standard 

Il y a donc fort à parier que ça ne soit pas vegan, à l’instar de la sauce cajun qui va avec. Burger King pré­cise d’ailleurs que le “haché végé­tal” est cuit sur la même plaque que les autres steaks hachés.

Goûté mais dégoûté

Coté goût, les avis divergent. JB trouve ça “OK, mais on sent que c’est pas de la viande, pour ceux qui en mangent”. A. le trouve :

Fumé, per­sis­tant, avec tou­jours un goût chi­mique comme sur les autres du genre, mais comme il n’est pas épais et que la sauce com­pense, ça va.

ma copine, citée depuis le canapé

Moi, j’en ai juste ma claque des fausses viandes. À part son goût fumé et son épais­seur, celle-là n’a rien de notable. Elle montre sur­tout qu’on peut faire du bur­ger à 5,40 € sans viande, avec la qua­li­té usuelle d’un fast-food.

La vraie leçon, c’est qu’il n’y a plus aucune rai­son valable de vendre de la viande dans ces enseignes. Elles peuvent tech­ni­que­ment faire sans. Le reste, c’est un sou­ci de chan­ger la norme sociale pour que les gens acceptent de man­ger ça plu­tôt que des ani­maux morts.

Et d’en man­ger moins sou­vent, parce qu’en vrai, ces sub­sti­tuts sont quand même pas l’ex­cel­lence nutri­tion­nelle. Est-ce que je dis ça parce que j’ai quand même bien eu mal au bide après BK ? Peut-être. Est-ce que c’est la pre­mière fois que ça m’ar­rive après un bur­ger vegan ? Peut-être pas. 

Les végétariens ont plus recours aux aliments ultra-transformés que les autres. Article du Magazine de l'Inserm n°49 p.14.
Exemple de moi, qui ne me sent pas du tout concer­né. Source : Magazine de l’Inserm n°49, p.14.

Les végé­ta­riens ont recours aux ali­ments ultra-transformés

Le nombre de per­sonnes végé­ta­riennes ne cesse d’augmenter. En étu­diant leurs habi­tudes ali­men­taires grâce à l’é­tude NutriNet-Santé, l’équipe EREN de recherche en épi­dé­mio­lo­gie nutri­tion­nelle à Paris a consta­té que, para­doxa­le­ment, elles mangent en moyenne davan­tage de pro­duits ultra-trans­for­més par l’industrie que les consom­ma­teurs de viande. Il faut dire que l’offre s’est beau­coup diver­si­fiée au cours des der­nières années, au-delà des tra­di­tion­nelles chips et barres aux céréales : tofus, légumes en barres, smoo­thies, galettes, sau­cisses végé­ta­riennes… En outre, plus l’adoption du végé­ta­risme est récente chez les indi­vi­dus concer­nés, plus ils ont recours à ces pro­duits, « comme s’il leur fal­lait un peu de temps avant de réap­prendre à cui­si­ner plus végé­tal », sup­pute Benjamin Allès, res­pon­sable de l’étude. Si ces pro­duits sont pra­tiques, beau­coup sont peu équi­li­brés sur le plan nutri­tion­nel : en outre, ils sont sou­vent trop riches en sel ou en sucres. Leur consom­ma­tion, lorsqu’elle est trop éle­vée, est asso­ciée dans plu­sieurs études à un risque accru de can­cer, de dia­bète, ou encore de mala­dies car­dio­vas­cu­laires. Les végé­ta­riens sont pré­ve­nus ! A. R.

Benjamin Allès : uni­té 1153 Inserm/Université Paris Diderot/Université Paris 13/Université Paris Descartes/INRAE, Centre de recherche épi­dé­mio­lo­gie et sta­tis­tiques Sorbonne Paris Cité (Cress)

J. Gehring et al. J Nutr., 4 jan­vier 2021 ; doi : 10.1093/jn/nxaa196

La consom­ma­tion éle­vée d’aliments ultra-trans­for­més asso­ciée au végé­ta­risme peut avoir des consé­quences adverses sur la qua­li­té de ce régime.

Et le reste ? 

À part le steak, hein ? Eh bien un pain cou­pé en deux sur le des­sus pour faire genre, mais qui na pas plus d’in­té­rêt que ça. De la roquette, une tranche de fro­mage jaune, une tomate invi­sible et une sauce cajun. 

Bref, les ingré­dients habi­tuels d’un bur­ger qui fait l’ob­jet d’une cam­pagne mar­ke­ting. On prend la même chose que d’ha­bi­tude, mais en ver­sion qui fait mieux. RÀS quoi. On est au fast food.

Les burgers végétariens à l’ère des substituts

Historiquement, les bur­gers végé­ta­riens c’é­tait beau­coup de bidouille. On avait des res­tos végés qui ache­taient des pro­duits de niche, pas tou­jours réus­sis. On avait ceux qui ten­taient leur propre mélange (sei­tan mai­son, etc.). Plus loin, les res­tos de bur­gers se contor­sion­naient à tes­ter des pat­ty mai­son ori­gi­naux, avec une créa­ti­vi­té réelle et des résul­tats aléatoires.

Tout ça, c’est lar­ge­ment fini. On en par­lait à la Belle Équipe il y’a quelques semaines. Après avoir ten­té une galette mai­son, les cuis­tots constatent leur échec et se rabattent sur du Nouveaux Fermiers. Plus simple, meilleur, moins galère, et lar­ge­ment suf­fi­sant pour un pro­duit qui n’est pas le cœur de la carte.

Dans beau­coup d’en­droits végés, ces nou­velles alter­na­tives ont com­plé­té, voire rem­pla­cé l’offre his­to­rique. L’heure est à l’hy­per-trans­for­mé indus­triel. J’imagine que seuls les endroits axés sur le bio / natu­rel / fait-mai­son risquent de main­te­nir des steaks mai­sons originaux.

Culinairement, c’est dom­mage. Sanitairement, j’ai quand même un doute. En tout cas, il n’y a plus grand-chose à chro­ni­quer. La plu­part des bur­gers tes­tés ces der­niers mois sont des varia­tions peu ima­gi­na­tives autour fausses viandes dont on recon­naît le goût à la pre­mière bouchée.

À part chez Les ton­tons Veg, où mal­gré l’u­ti­li­sa­tion de Beyond Meat, il y a un vrai tra­vail culi­naire pour dif­fé­ren­cier leur offre et ne pas s’ap­puyer de façon cen­trale sur le patty.

Bref, vive­ment qu’on teste les ramens végé­ta­riens à la place.