Dicophilo.fr a été lancé au printemps 2013. L’occasion pour moi de reparcourir le projet avec lequel je suis, sans vraiment l’avoir prévu, passé d’étudiant de philo à professionnel du web.
Table des matières
V1 (2013 – 2014)
La V1 de Dicophilo, c’était sous OVH, avec un thème Bootstrap et une identité visuelle tenait sur du rouge #cd3700 et une police Purisa. Je me souviens qu’elle était installée par défaut sur mon poste, et signait clairement “Utilisateur de GNU/Linux qui n’a pas cherché plus loin”.
L’article “Âme” de Dicophilo en 2013. Le site est sur 2 colonnes, avec un menu minimaliste qui pointe vers “À propos” et la licence “CC-BY-SA”. La plupart des éléments ont des bords arrondis.
La colonne principale contient la définition en blanc sur fond rouge, puis le contenu. La colonne secondaire contient un logo Twitter et des articles de méthode de philo.
Ça n’a pas duré longtemps, et ni la Wayback Machine ni moi on ne s’en souvient bien. Quand j’ai trouvé la présente capture d’écran sur Internet, j’étais genre “Ah, mais j’avais oublié ça”. Parce que oui, j’ai perdu les archives de toute cette période.
Je me rappelle juste que je bossais déjà sur Dicophilo en novembre 2012, et qu’à l’été 2013 j’ai codé une page d’accueil custom tellement ma page par défaut n’allait pas.
V2 (2014 – 2017)
La V2 est arrivée assez vite. Fin janvier 2014, Archive.org montre un site très différent. Le rouge est resté, la police Oswald apparaît (partout) et on est sur un thème enfant de iBuddy.
Page d’accueil V2. Le menu principal est maintenant un alphabet pour aller à chaque lettre pour laquelle il y a une définition. Un menu secondaire contient un lien Accueil, un “À propos” du site, de l’auteur et des définitions (3 pages) et un lien Contact. Il n’y a plus que des bords droits.
Le contenu principal est une liste de définitions, classée par ordre alphabétique, avec un titre pour chaque lettre (A, B, C…). Le tout sur 3 colonnes. Une barre latérale indique “Tweets de @dicophilo” mais aucun ne remonte dans le snapshot.
C’est cette version qui va commencer à faire de Dicophilo un site qui marche un peu. En 2015, le mutu montre ses limites et je passe sur un hébergement Plateforme As A Service chez Gandi.
La V2 c’est l’apparition de deux gros changements techniques qui vont rester par la suite. D’abord, l’utilisation de types de contenus personnalités (Custom Post Type, en anglais) pour les définitions. Ensuite, la liste des définitions sur la page d’accueil est désormais générée automatiquement par du PHP (merci Florian, ton code sert toujours en 2023 🙏).
C’est pas très parlant, mais ça veut dire que j’ai dû creuser la documentation de WordPress, comprendre ce qu’on pouvait faire avec, réfléchir à ce qui collait à mon besoin. Bref, ma première très grosse leçon de WordPress.
V3 (2017 – 2023)
Pour des raisons qui m’échappent, je refais une V3 du site dès 2016. Je trouve sa première trace en ligne début juin 2017, mais je bossais déjà dessus depuis novembre 2016 au moins.
C’est avec cette version où j’ai passé toutes les définitions en champs personnalisés via Advanced Custom Fields. C’était super con. Je m’en suis mordu les doigts.
Page d’accueil de la V3. Le logo est maintenant centré. Le menu secondaire à disparu et seul un lien “À propos” subsiste, intégré au menu principal. Le contenu principal contient maintenant 4 colonnes de définitions, sur un fond gris. Pour la première fois, on voit aussi un bandeau de cookies.
Graphiquement, j’ai tout épuré. Plus de Oswald, sauf pour le logo. Helvetica en police système c’est très bien. Plus qu’une seule colonne : on va se focaliser sur le contenu. En 2019, j’ai même supprimé l’affichage des commentaires (très peu étaient constructifs). Dicophilo est minimaliste, et ça me va.
Techniquement, tout est plus compliqué. Les définitions sont stockées dans des champs personnalisés, qu’il faut intégrer à mon thème enfant (dérivé de Stork) et qu’il faut styliser. J’ai insisté pour faire un menu collant au haut de la fenêtre, mais c’est pas natif du thème et ça tient par bidouille.
Bref, c’est beau, mais il faut pas y toucher. Et comme une partie des définitions repose désormais sur un champ HTML brut en back-office, ça me démotive pour améliorer le contenu. Conséquence : de 2017 à 2020, c’est surtout les articles de méthodes que je vais retravailler.
À cette période, l’audience du site explose et fait systématiquement plus de 60 000 visiteurs ou visiteuses par mois (hors juillet / août). J’essaie de passer à Matomo pour quitter Google Analytics, mais ma base de donnée (sur un autre mutu) finit par craquer au bout de quelques mois.
Progressivement, cette V3 va me bloquer. Il est compliqué d’en sortir, compliqué de la faire évoluer. Certains contenus de la page d’accueil sont même hardcodés.
Mais en 2018, WordPress s’engage dans le projet Gutenberg, qui va refondre toute l’appli de fond en comble. Pas mal de gens hurlent à la mort, mais moi, je vois une piste de sortie.
V4 (2023)
Début 2022, je suis formé à l’accessibilité numérique, à la fois comme contributeur et comme chargé de projet. Au travail, je passe une partie de l’année à éplucher mes résultats d’audit d’accessibilité et tenter de résoudre les non-conformités.
À l’automne, je passe enfin ma certification Opquast en qualité web. Je suivais de loin ce que faisait Opquast depuis 2015, mais sans avoir eu le temps de m’y plonger. J’en ressors avec un score de 950/1000 et un peu honte de Dicophilo.
La partie 2 du projet Gutenberg touche à sa fin. Je décide de mettre les mains dedans jusqu’au coude et d’apprendre comment ça fonctionne. Avec tout ça, je peux désormais refaire Dicophilo.
Page d’accueil V4. Très proche de la V3, mais encore plus sobre. Le logo revient à gauche. Le menu principal fusionne avec le reste du header. La liste des définitions est indiquée comme telle par un titre. Et la couleur des liens abandonne le rouge pour le bleu par défaut du navigateur. Il n’y a plus de bandeau cookie.
Plus besoin de bidouiller un thème ou d’acheter un thème payant avec licence annuelle. Je peux construire mon propre thème basé sur des blocs, sans PHP, à partir d’un fichier theme.json et d’une interface graphique.
Plus besoin de champs personnalisés, je peux créer des compositions de blocs qui sont exactement ce dont j’avais besoin pour les définitions. Même mon PHP custom pour l’accueil, j’ai trouvé comment l’intégrer à un thème basé sur des blocs.
Bref, après des mois de boulot, de migration (dont une partie à la main 😭), je peux enfin me remettre à bosser sur ce qui m’intéresse vraiment dans le web. Le contenu et la qualité globale du site.
Ça fait quand même un détour.
Conclusion
Il y a quelques semaines, je disais que j’aimais bien Dicophilo. Les nécessités du projet m’ont conduit vers plein de choses que j’aurais pas creusé sinon, et qui ont construit mon expérience sur WordPress initiale.
Là, au lendemain la mise en prod, je suis plus mitigé. C’est un projet qui m’a beaucoup écarté de ce que j’aime faire à la base : partager des connaissances. Mais est-ce que je pense qu’on peut séparer profondément un contenu transmis de sa techno ? Pas sûr.
C’est aussi un projet dont le contenu est presque intégralement bon à réécrire. Parce que j’ai progressé sur plein de choses, parce que je crisse un peu des dents en voyant certains textes d’il y a 10 ans.
Un autre aspect, qui pèse probablement au moment où j’écris ces lignes, c’est que Dicophilo a toujours été un projet très solitaire. Mes proches m’ont parfois aidé lors des refontes, mais c’est 99 % moi Dicophilo.
J’aurais aimé en faire un truc plus communautaire, plus ouvert. Quelque chose entre Dicophilo et Wikipédia au fond. Pour plein de raisons (techniques, juridiques, éditoriales), je sais que ça n’arrivera pas.
Mais je crois que le plus dur, c’est surtout le silence des personnes qui visitent le site. En 10 ans, je pense pas avoir reçu ne serait-ce que 10 messages de soutien. Le site a eu plus de 2 millions d’utilisateurices, rien que depuis 2019 (j’ai perdu une part des stats). Y’a eu des mois avec 100 000 personnes qui visitent le site. J’ai des ami·es profs qui me racontent que des collègues reconnaissent Dicophilo dans les copies…
Mais j’ai souvent eu l’impression que je pouvais déconnecter le site du jour au lendemain, et que ça manquerait à personne. Une impression qui se renforce aujourd’hui, avec la baisse de l’audience. Une baisse qui s’explique par la concurrence de sites pro autour du business de l’éducation et le changement de programme (je ne suis plus à jour).
Bref, Dicophilo a une V4, mais tout ce que j’en tire, c’est l’impression d’en avoir marre du web au moment où je commence à y être un peu bon.