Notes de lecture sur Lecture rapide, les méthodes vraiment efficaces de Pierre Gévart (2019, L’étudiant éditions). Le livre contient des exercices et certains graphiques que je ne reprends pas. Je ne reprends pas non plus le chapitre sur la lecture numérique.
Table des matières
Pourquoi lire vite
Savoir lire vite est une compétence. Cela n’a d’intérêt que pour les lectures obligatoires dans le cadre d’un travail, pas pour une lecture récréative. Lire vite c’est bien pour les dossiers de concours administratif, pour éplucher les journaux ou faire une recherche.
L’idée est d’acquérir la compétence, pas de l’utiliser non-stop. On doit savoir moduler sa vitesse de lecture selon la nature du texte et l’objectif qu’on poursuit en le lisant. Si on lit de la poésie, un roman, si on analyse en détail un texte, lire vite n’est pas utile.
La lecture rapide doit permettre d’obtenir une information, de la comprendre et de s’en souvenir. Cela demande de trier : tout ne mérite pas d’être lu, même rapidement. Si vous avez déjà l’information, pas besoin de lire ou de continuer la lecture.
Une lecture efficace n’est pas une lecture exhaustive de tous les mots. Il y a rarement un seul détail essentiel dans un texte. Le cerveau est capable de recoller les morceaux et d’extraire les infos. De toute façon, le cerveau fait déjà ça tout le temps.
L’auteur ne le dit jamais, mais au fond beaucoup de textes sont mauvais : mal construits, répétitifs, peu informatifs ou sans originalité. D’où l’intérêt d’extraire leurs informations sans y passer longtemps.
Comment lire vite
Le livre va détailler 3 méthodes :
- augmenter sa vitesse de lecture linéaire
- apprendre à lire de façon déstructurée (“chalutage”)
- faire parler les aspérités du texte
Lecture linéaire
En lecture linéaire, l’œil suit la ligne et passe d’un point à un autre, avant de revenir à la ligne précédente. Il y a des “points de fixation” de l’œil, qui sont plus ou moins nombreux. Cette lecture peut se faire avec ou sans subvocalisation, c’est-à-dire en entendant les mots “dans sa tête”.
Pour augmenter sa vitesse de lecture linéaire, on réduit le nombre de points de fixation de l’œil et on apprend à ne pas subvocaliser. On passe d’un mode où l’on lit les mots les uns après les autres, à un mode où on photographie plusieurs mots à partir d’un point de fixation.
Paragraphe de texte. Le regard passe presque d’un coup du début de la ligne à sa fin, puis passe à la ligne suivante et continue ainsi. Des flèches signalent le mouvement du regard et la distance parcourue en une fois.
Légende : “Figure 4. Points de fixation de l’œil en lecture linéaire non subvocalisée. [Par rapport à la figure précédente (non reprise ici)], l’œil ne se fixe que deux fois par ligne, voire moins”.
Ne pas subvocaliser
Le livre ne donne aucune aide sur comment réduire la subvocalisation. C’est une surprise et un vrai défaut. L’auteur part du principe que son lecteur ou sa lectrice ne subvocalise déjà pas.
Perso, je peine à ne pas subvocaliser en lisant des livres et articles. Mais à l’évidence, je le fais dans d’autres contextes : lecture de panneaux indicateurs, lecture au loin (publicité, enseignes), lecture des sous-titres ou de messages SMS. C’est ce mécanisme qu’il s’agit d’étendre, pour “lire sans y penser” (p.9).
Réduire les points de fixation
Schéma. Le champ de lecture efficiente représente un ovale assez petit, au sein d’une zone focalisation circulaire, elle même contenue au sein du champ visuel (représenté par un grand ovale).
Légende : “Figure 12 : Le champ de la lecture efficiente”.
Notre champ de lecture efficiente est une sous partie de notre champ visuel. Sur une page, nos yeux se fixent sur un point et il y a une zone ovale où l’on arrive à bien lire. Si nos yeux se fixent sur un mot en particulier, on déchiffre aussi les mots autour.
Quand notre regard passe d’un mot à un autre mot très proche, la zone ovale où l’on lit se décale. Mais vu que les mots sont proches, la nouvelle zone recoupe beaucoup de la zone précédente. C’est peu efficace, vu qu’une partie des mots a déjà été déchiffrée.
La lecture rapide va chercher à limiter le nombre de recoupement entre nos points de fixation. On s’arrête sur moins de mots, on déchiffre ceux qu’il y a autour, et le cerveau reconstruit l’info. Cette méthode est plus économe et plus rapide, car on économise un mouvement de l’œil.
Élargir le champ visuel
Puisque notre point de fixation correspond à un ovale, on peut tenter d’élargir cet ovale. Ou plus exactement, d’élargir la quantité d’information qu’on acquiert en un seul mouvement oculaire.
C’est une autre façon de réduire le nombre de point de fixation. En plus d’écarter nos points de fixation pour qu’ils ne se recoupent pas, on augmente la taille du champ de lecture efficient.
Lecture déstructurée
La lecture déstructurée ne suit pas les lignes. L’œil navigue dans le texte : il descend, il va sur les côtés, remonte. L’objectif est d’identifier des mots clés qui font sens ou qui nous intéressent. On va reconstruire l’info en faisant confiance à son cerveau.
Un texte d’une quinzaine de lignes. Le regard balaie le texte en seulement 5 points de fixation, sans suivre l’ordre des lignes. L’œil passe du haut vers le bas, remonte, et revient près de son point de départ.
L’auteur parle de “chalutage” : on balaie le texte comme on balaie les fonds marins, afin de récupérer ce qui nous intéresse. Il distingue un chalutage “exploratoire”, pour se faire une idée d’un texte, et le chalutage “ciblé”, quand on cherche un thème ou une information précise.
La lecture déstructurée peut se combiner avec la lecture linéaire. D’abord, on part à la pêche aux mots clés, pour avoir une grille de lecture minimale du texte. Puis, on y va en lecture linéaire avec peu de points de fixation.
Dans le chapitre consacré à la lecture déstructurée, l’auteur montre que le contenu utile d’un texte est souvent faible. Il peut être condensé à l’extrême (d’une page vers un paragraphe).
Il insiste aussi sur la confiance qu’il faut avoir en notre cerveau. Même face à un texte très parcellaire, nous avons la capacité à “combler les blancs” et induire les éléments absents (voir infra). La lecture déstructurée s’appuie sur ce mécanisme.
Image “État 1” : paragraphe de texte volontairement rendu presque illisible. Des taches blanches effacent la plupart du texte, et la police de caractère est très dégradée. On parvient néanmoins à déchiffrer ou deviner :
(effacé) d’un (effacé) information réduit, le cerveau s’efforce (effacé) se (effacé) sur (effacé) ence, les souvenirs (effacé) les probabilités de reconstituer l’intégralité de l’information, et (effacé) processus le plus souvent nous éch (effacé) ore que l’information (effacé) recons (effacé) nous met alors (effacé) écl (effacé) ne p (effacé)
Image “État 3” : même texte, mais cette fois-ci beaucoup moins dégradé. Seules quelques lettres sont illisibles, et il n’y a plus de zones effacées. On lit clairement :
À partir d’un nombre d’information réduit, le cerveau s’efforce, en se fondant sur l’expérience, les souvenirs et les probabilités, de reconstituer l’intégralité de l’information, et ce processus le plus souvent nous échappe. Mais encore faut-il que ces informations restent suffisamment disponibles, sinon, plus aucune reconstitution n’est possible, et le cerveau nous met devant un constat d’échec auquel nous ne pouvons plus rien…
Faire parler les aspérités du texte
Il s’agit de faire parler des éléments qui aident à comprendre le texte : titre, sous-titre, rubrique, sommaire, nom de l’auteur ou de l’autrice, illustrations, chapeau, etc. L’auteur du livre appelle ça des “aspérités”. Ces éléments suffisent déjà à cadrer le texte, à donner une idée de sa nature ou de son contenu.
Un texte bien construit est plus rapide à faire parler. Ses paragraphes ont une cohérence, ses sous-titres décrivent le contenu qui suit, et ses paragraphes ont une bonne structure interne. Mais tous les textes ne sont pas bien construits et certains n’ont presque pas d’aspérité. Dans ces cas-là, on utilise la lecture déstructurée.
Appréhender un texte
Pour appréhender un texte, on utilise les 3 méthodes précédentes, mais dans le bon ordre. Chronologiquement, on va :
- Faire parler les aspérités du texte
- Lire de façon déstructurée
- Lire de façon linéaire
Même si on n’arrive pas à augmenter très fort sa vitesse de lecture linéaire, les 2 étapes précédentes vont aider à aller plus vite.
Remarques diverses
Je réunis ici quelques point mentionnés dans le livre, mais qui entrent très mal dans le plan de ma fiche.
- Lire quand on est fatigué ou incapable de se concentrer ne sert à rien. L’information va à peine rester dans la mémoire de travail, et n’a aucune chance d’être conservée en mémoire à long terme.
- Il ne faut pas négliger les exemples et illustrations. Associer une information à une anecdote qui s’y rattache joue dans la mémorisation.
- Lire trop vite ou trop lentement nuit à la compréhension. Il y a un rythme idéal pour lire et comprendre efficacement.