L’art subtil de détecter l’écoterrorisme

Distinguer la non-vio­lence du ter­ro­risme, c’est dif­fi­cile. Surtout avec ces “éco­ter­ro­ristes” non-vio­lents qui brouillent les cartes. Heureusement une équipe de scien­ti­fiques a mis en place une méthode infaillible pour recon­naître l’é­co­ter­risme, en moins de 5 minutes.

Votre fille s’est col­lée à la chaus­sée avec de la colle forte ? Votre petit-fils a jeté de la pein­ture sur un bâti­ment public ? Une col­lègue refuse la viande à la can­tine ? Alors que vous trem­blez à l’i­dée d’être interrogé·e par la DGSI, une ques­tion vous assaille : alors c’est ça l’écoterrorisme ? 

Pas de panique. Les scien­ti­fiques du Groupe International d’Experts sur l’Éco-ter­reur et le Climat (GIEEC) ont pro­duit une méthode infaillible pour iden­ti­fier l’é­co­ter­ro­risme. Grâce à elle, vous pour­rez faci­le­ment dis­tin­guer le meurtre de masse du jet de soupe, l’ins­tal­la­tion de toi­lettes sèches de l’as­sas­si­nat ciblé.

Prenez la der­nière action de militant·es éco­lo­gistes accusé·es d’é­co­ter­ro­risme par une per­son­na­li­té média­tique (ou par votre beau-frère). Ça peut être un blo­cage de pont, un col­lage d’af­fiche, une mani­fes­ta­tion non-vio­lente ou n’im­porte quoi.

La méthode AFVT

Allez sur le site de l’Association fran­çaise des vic­times de ter­ro­risme (AFVT), qui aide et conseille les vic­times d’actes de ter­ro­risme, et consul­tez leur rubrique Actualité ou leur revue de presse. Est-ce que ça parle de l’ac­tion “éco­ter­ro­riste” dont vous avez enten­du parler ?

Si oui, c’est du terrorisme.

Si non, ça ne prouve rien. Ils n’ont peut-être pas eu le temps d’é­crire un article com­plet. Foncez sur leurs réseaux sociaux : ils ont sûre­ment publié un mes­sage du genre :

Pensées pour le plexi­glas autour des Tournesols de Van Gogh, bru­ta­le­ment assas­si­né aujourd’­hui à Londres ✨. Pensées pour ses col­lègues pré­sents, pour sa famille et ses proches. Solidarité et sou­tien. N’oublions jamais.

@afvt_org sur Twitter

S’ils n’ont rien publié, ça ne prouve rien. Peut-être qu’ils ne suivent pas chaque jour l’ac­tua­li­té du ter­ro­risme. Contactez-les pour leur deman­der leur avis.

Si l’Association fran­çaise des vic­times de ter­ro­risme ne vous répond pas ou ignore votre mes­sage réseaux sociaux, pas­sez au plan B. Contactez une asso­cia­tion de vic­time d’un atten­tat en particulier.

Pourquoi par 13 Onze 15 ou Life for Paris, les asso­cia­tions de vic­times des atten­tats du 13 novembre ? Vous savez, ces attaques qui ont fait 131 morts et plus de 400 de bles­sés, dont 99 grièvement ?

Allez‑y, n’ayez pas honte. Demandez leur si Dernière réno­va­tion et Extinction Rebellion res­semblent à Daesh selon eux. Après tout, vous aviez un doute, non ?

Arrêter de dire n’importe quoi

Définir le ter­ro­risme est un tra­vail intel­lec­tuel dif­fi­cile, qui ouvre toute une série de débats. Cependant on pour­rait mini­ma­le­ment s’ac­cor­der à ne pas appli­quer ce terme aux actes non-vio­lents qui ne visent pas de per­sonnes physiques.

Si le Parquet anti-ter­ro­riste ne se sai­sit pas des jets de soupe ou autres, ce n’est pas seule­ment par sous dota­tion des moyens de la Justice. C’est parce qu’il par­vient encore à dis­tin­guer un dégon­flage de pneu d’une attaque au cou­teau, une extinc­tion de pan­neau publi­ci­taire d’une fusillade en plein Paris.

Bref, à prendre au sérieux la dif­fé­rence entre les actions qui s’en prennent à des biens inani­més et celles qui s’en prennent à des per­sonnes. Pensées pour la langue fran­çaise. Solidarité et sou­tien au sens des mots. N’oublions jamais.