Accessibilité numérique
On peut distinguer les déficiences et les incapacités. Les déficiences sont liées à un aspect lésionnel et sont intrinsèque au corps. Elles constituent une altération ou insuffisance d’une fonction physique ou intellectuelle. Elles peuvent être :
- sensorielle (cécité, surdité)
- cognitive (déficience mentale)
- motrice (fracture osseuse, tétraplégie)
Les incapacités sont l’impossibilité d’effectuer certaines actions. Elles sont liées à l’environnement. Certaines technologies peuvent supprimer l’incapacité sans supprimer la déficience : ce sont les technologies d’assistance.
Une déficience n’est pas toujours visible. Elle peut être permanente ou temporaire. Et une même personne peut aussi souffrir de plusieurs types de déficiences en même temps. Mais les incapacités découlant d’une ou des plusieurs déficiences dépendent du contexte.
Le handicap est une notion sociale, qui est directement liée aux incapacités, pas aux déficiences. Selon l’Organisation des nations unies (ONU) le handicap est :
La perte ou restriction de participer à la vie collective à égalité avec les autres
Selon la loi française de 2005, c’est :
Toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive, d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant
On peut donc être en situation de handicap sans souffrir d’une déficience permanente… ou même sans souffrir d’une déficience. Une personne en bas débit se retrouve dans l’incapacité de participer à la vie collective à égalité avec les autres (démarche en ligne par ex.).
Technologies d’assistances et contextes utilisateurs
Les technologies d’assistance améliorent l’autonomie des personnes en situation de handicap (PSH) et leur intégration à la société. Elles bénéficient directement aux PSH, mais peuvent aussi trouver un public plus large (livre audio par ex.).
Les contenus et services web sont utilisés dans une infinité de contextes. Un professionnel du web doit les connaître et les anticiper. Ce n’est ni marginal, ni fictif. Un contenu peut être :
- affiché sur un écran : desktop, tablette, [mobile, montre, TV, etc.]
- vocalisé par un lecteur d’écran
- traduit automatiquement
- référencé par un robot d’indexation
- etc.
Le concept de dégradation élégante (graceful en anglais) permet de prévoir des sites qui cassent proprement. Un site va être cassé, maltraité, épuré, essoré par ses utilisateurs et utilisatrices. Il va être utilisé dans des conditions extrêmes (en plein soleil, dans un train à grande vitesse, sur console de jeux, etc.). Prévoir des sites “tout-terrain” permet qu’ils continuent à délivrer leur valeur ajoutée en tout contexte.
Standards
Au départ W3C produit et standardise 3 technologies :
- HTML, la couche de structure du contenu
- CSS, la couche de présentation
- JS, la couche d’interaction
Pour pallier les problèmes d’accessibilité intrinsèques à ces technologies, le W3C a développé la Web Accessibility Initiative (WAI). Elle a par exemple fait ajouter un attribut alt
à l’élément <img>
du HTML.
Mais avoir les outils pour faire du contenu accessible ne dit pas comment les utiliser. Il a donc fallu créer des lignes directrices pour la production de contenu : Web Content Accessibility Guidelines (WCAG)…
Encore faut-il que les outils de production de contenu permettent de suivre ces lignes directrices… et que les navigateurs exploitent correctement les informations d’accessibilité. On arrive donc aux Authoring Tools Accessibility Guidelines (ATAC) et aux User Agent Accessibility Guidelines (UUAG).
L’évolution du web a récemment conduit à rajouter une surcouche : Accessible Rich Internet Applications (ARIA). Alors que ce n’était pas le but initial, les technologies web servent aujourd’hui à faire des applications complexes, interactives, proches des applications de bureau : ARIA aide à maintenir l’accessibilité du tout.
À noter que WCAG (en 2.1) est une spécification abstraite, à large portée et indépendante d’une technologie. Ses règles peuvent s’appliquer aussi bien au web qu’à un PDF. WCAG est donc complétée par des méthodes d’application pour chaque technologie.
En France, le Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité (RGAA) est à la fois une traduction opérationnelle des règles du WCAG et une méthode pour vérifier la conformité.
Opquast et l’accessibilité universelle
Les règles d’assurance qualité ne font pas la distinction entre les PSH et le reste de la société. Elles s’appuient sur une vision élargie des standards d’accessibilité, qui permet de prendre en compte :
- l’ensemble de situations difficiles pour les humains en général
- l’ensemble des contextes et des technologies d’assistance
- la qualité du web et l’expérience utilisateur pour tous
L’idée est de favoriser l’accès aux contenus et la réalisation de services, y compris dans les phases avant et après l’interface. Le modèle VPTCS fournit la définition d’une accessibilité universelle :
[Elle] a pour objectif que les contenus et services web, et les produits et services en général, soient faciles à trouver et utiliser, qu’ils fonctionnent correctement, et répondent aux exigences implicites et explicites des utilisateurs
p.108 (citation adaptée).
Les problèmes rencontrés par les PSH vont au-delà de la conformité aux règles d’accessibilité : ce sont des problèmes de qualité générale, qui sont plus graves et plus décisifs pour elles.
Faute de moyens, cibler les 20% de causes qui causent 80% des problèmes (distribution de Pareto) est une bonne stratégie. Les règles Opquast sont une base pour faire ça.
Méthodes d’évaluation et d’amélioration continue
Le chapitre présente des méthodes pour détecter des défauts à corriger ou mettre en œuvre des améliorations sur un site en cours d’exploitation. On liste :
- Inspection
- Évaluation experte
- Observation des utilisateurs :
- tests utilisateurs
- mesure d’audience
- suivi oculaire
- carte de chaleur
- Tests de fonctionnement et de compatibilité :
- visites avec différents navigateurs
- visites avec des logiciels de vocalisation
- tests des fonctionnalités
- logiciels de visualisation / virtualisation
- Sondages et enquête usagers
- Analyse technique et validateurs
- Benchmark et A/B Testing
L’inspection consiste à confronter l’objet à une grille d’évaluation dotée de critères explicites (mais pas forcément objectifs, précis ou unitaires).
L’évaluation experte (ou heuristique) s’appuie sur des critères non explicites, qui sont “dans la tête” de l’expert. L’expertise s’appuie aussi sur l’expérience et l’habitude d’objets similaires à celui évalué. Une personne qui fréquente beaucoup de sites de restaurants (moi !) peut compter comme expert sur les sites de restaurants.
L’observation est l’une des méthodes les plus pertinentes. Elle donne à voir en conditions réelles ce que font les utilisateurs.
Les tests de compatibilité et fonctionnement peuvent révéler des défauts. Notamment via l’usage de lecteurs d’écrans et les tests fonctionnels (qui testent aussi l’usage erroné et les messages d’erreurs).
Les sondages et enquêtes ont des biais de sélection qui les rendent moins intéressants. Une modale invitant à évaluer le site peut de plus inciter les gens à moins bien noter le site.
Les validateurs et outils automatiques existent pour plein de domaines : performance, sécurité, orthographe, W3C, accessibilité, SEO, qualité, etc. Ils n’épuisent pas le sujet : les critères d’évaluation ne sont pas tous vérifiables automatiquement, loin de là.
Le benchmarking compare à des objets du même type et permet de constituer une grille d’évaluation sur cette base. L’A/B testing teste des versions différentes d’un même objet qui diffèrent par une seule variable.
Piloter et améliorer la qualité d’un parc de sites
Les organisations ont désormais toutes plusieurs sites et applications. La gestion en parc permet d’améliorer leur qualité de façon globale et permet des économies (temps, argent).
Cela suppose que la hiérarchie comprenne l’intérêt d’investir dans la qualité, que la démarche soit animée par une équipe et qu’on communique sur son intérêt et ses résultats.
Malgré la pertinence à s’y mettre, personne ne semble bouger dans ce sens.
Maîtrise des risques et aspects économiques
Le secteur du web est peu mâture industriellement. Les coûts sont très variables et les risques pas assez identifiés (aussi bien chez les professionnels du web que chez leurs clients).
Dans ce contexte, une règle Opquast permet d’identifier des risques : pour chaque règle, il y a des risques associés à son non-respect. On peut distinguer 4 niveaux de maturité face au risque :
- Ignorer la règle (conformité par hasard possible)
- Connaître la règle, mais pas le risque associé
- Connaître les objectifs de la règle, les risques et le vocabulaire associés
- Savoir mettre en œuvre la règle (pas utile de savoir le faire pour toutes)
La non qualité a un coût financier, temporel et humain, même s’il est largement invisible. Les coûts de non qualité (CNQ) sont diffus : ils interviennent à plusieurs endroits et plusieurs moments.
On peut les répartir en :
- Coûts de traitement des défauts (inclus sanctions)
- Coûts indirects pour les équipes (inclus formation et turnover)
- Pertes de chiffre d’affaires (visibilité, réputation, non fidélisation)
- Coûts commerciaux et de communication (inclus SAV, compensations, gestion de crise)
- Coûts directs pour les clients (SAV client, surévaluation facturée, TMA)
Face à cela, les coûts d’investissement dans la qualité (CIQ) sont de 2 ordres : prévention de la non qualité d’un côté, et évaluation de la qualité de l’autre (détails p. 132–133). Les coûts d’obtention de la qualité (COQ) correspondent à la somme des CNQ et des CIQ (sic).
Retours sur investissements, ou sur objectifs ?
Les CNQ sont difficiles à mesurer, rarement estimés et perçus comme inévitables : ils sont dépensés sans douleur au quotidien. Les CIQ sont au contraire bien identifiés, coûtent cher et paraissent souvent injustifiés, alors même qu’ils réduisent de fait les CNQ (cercle vertueux de l’investissement dans la qualité).
Le retour sur investissement (ROI) des CIQ est facile à identifier d’un point de vue qualitatif, mais difficile voire impossible à mesurer. Le gain se trouve d’ailleurs moins du côté de l’utilisateur final que de l’amélioration du fonctionnement de l’organisation.
Face à cela on peut préférer une approche autour du retour sur objectifs (ROO). On fixe des objectifs sans connaître ni ce que ça rapportera (directement, indirectement) ni ce que ça apportera. C’est pertinent quand on n’a pas réellement le choix d’investir ou non.
Les réseaux sociaux par exemple : les entreprises doivent y être présentes et sont contraintes d’y investir. La qualité web c’est pareil : on ne peut pas se permettre de ne pas maîtriser la qualité de ses produits (fût-elle basse), et on doit investir sans ROI en vue.
Investir dans l’assurance qualité web relève de la prévention des risques. Il y a des risques réels à ne pas investir dedans :
- procès, sanctions, problèmes juridiques
- turn-over
- perte de client et de CA
- perte d’image
- perte de réputation
Conseils concernant l’examen
Après avoir fait la formation et passé la certification (obtenue avec 950/1000 baby), y’a 3 trucs que je conseille si on veut la passer :
- Accorder toute son attention au glossaire
- Lire le “Référentiel de compétences, d’activités et d’évaluation”
- Pendant l’examen, privilégier les réponses “abstraites”
Le livre et la formation insistent à plusieurs moments sur le caractère central du glossaire. L’une des ambitions d’Opquast est de construire un langage partagé pour les professionnels. Le glossaire est donc essentiel. De façon générale, Opquast travaille beaucoup sur la précision du langage : dans le glossaire, les règles, les questions de l’examen. Faîtes‑y attention.
Quand on s’inscrit à la formation, un des documents fourni précise littéralement les objectifs d’apprentissage et ce qui est évalué. C’est le “Référentiel de compétences, d’activités et d’évaluation”. Il contient notamment une section qui donne la pondération des questions posées lors de l’examen. Lisez ce doc.
Enfin, lors de l’examen, certaines questions demandent de compléter le libellé d’une règle : la bonne réponse est presque toujours la plus abstraite, c’est-à-dire celle qui ne fait référence à aucune modalité de mise en œuvre particulière. C’est logique si on relit les critères de construction d’une règle Opquast.
Pour d’autres conseils, vous pouvez aller voir les 6 conseils de @MathieuOnline sur Twitter, qui a eu 1000/1000 à la certification. J’aurais pas tiqué sur l’importance du glossaire sans lui.
OK, mais tu les appliques les règles ?
Euh… Au moment où j’écris l’article, non, ce site n’applique pas toutes les règles d’assurance qualité partout. Notamment parce que j’ai pas eu le temps de trouver des solutions opérationnelles pour toutes.
Mais oui, l’ambition est bien d’appliquer toutes les règles pertinentes, que je peux réalistement mettre en œuvre sur un blog personnel fait sur mon temps libre. Plusieurs des anciens contenus du blog ont d’ailleurs été revus pour mieux suivre les règles de qualité.